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Verrerie de Portieux

Verrerie de Portieux
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24 avril 2007

Vie dans les anciennes cités de La Verrerie-de-Portieux

16 avril 00:53, par Gerard TRIBOULOT

Partagez vos souvenirs, racontez comment était la vie, ce que vous avez vécu dans les anciennes cités détruites de La Verrerie-de-Portieux.

les anciens habitants de notre Verrerie sont très friands de toutes ces petites choses passées dans les cités, avant leurs destructions. Alors qui que vous soyez, participer, s’il vous plaît !

Je commence : extrait du Cri du Verre

Chez M. Hingray

- Après manger (déjeuner), j’vais faire un p’tit tour chez l’grand ! ... on jou’ra p’t’ête au rami !

Après s’être restaurée, Nathalie Collot retrouve ses camarades de jeux. La partie commence sous les meilleurs auspices. Chez l’grand Hingray, figure bien sympathique du quartier, il n’y a jamais d’histoires. Ce brave homme, membre de l’harmonie, joue souvent du saxophone à qui le lui demande. Il égaie le quartier des sons de son instrument enchanté.

La partie de rami achevée, tout ce petit monde discute le coup autour d’un verre de café brûlant. Quelqu’un parle du temps où il était jeune et de ce qu’il a connu à la Verrerie : "Te t’rappelles Nathalie la vie d’l’usine ? C’était quand même le bon temps, enfin c’est mon opinion ! ... Tiens, j’vais vous raconter c’que j’ai connu, ça vous f’ra pas trop suer ! ... c’est pas triste !

Après avoir siroté son petit noir, le grand se lance vers l’abîme (presque) sans fin de ses souvenirs : "Oh ! Nat ! t’peux pas imaginer, alors que la guerre fait rage, la Verr’rie travaille sur deux fours ... mais tous les verriers ne pratiquent pas leur métier en permanence, loin s’en faut ! Dix jours par mois, par un roulement bien ordonné, une place de verre est démontée, c’est comme j’vous l’dis ! Les ouvriers sont employés à d’aut’es tâches. Ca durera tout l’temps des années 1941 / 42.

Les "aut’es tâches" étaient (entre autres) : nettoyer les vergers que possédaient les patrons à la Moselle, travailler à la scierie, etc..

A ce sujet laissons parler Jean-Pierre R......, il nous raconte l’histoire vécue de deux "roublards" de la Verrerie-de-Portieux.

Le Mommon et le Rognon

A une certaine époque, se souvient-il, souvent, des ouvriers (toujours les mêmes), en l’occurrence Monsieur J.Hag. dit Le Rognon et Monsieur M.Véron. dit Le Mommon, étaient envoyés par Monsieur Coindreau, le chef de fabrication, nettoyer les vergers situés à la Moselle, soit une distance de quatre kilomètres, à travers bois, d’une marche salutaire et tonifiante parmi les cormophytes élégants, parfois centenaires des belles forêts environnantes.

Seulement un jour, nos deux lascars se rendirent coupable d’une bêtise à l’usine.

- Cette fois, dit le Rognon au Mommon, on va s’faire s’couer par le père Coindreau, y va pas nous louper, c’est moi qui t’le dis !

En écho à leurs lamentations, Monsieur Coindreau les convoque tous deux dans son bureau pour obtenir des explications sur leur comportement. Enfin, il leur signifie qu’ils seront mis à pieds une journée entière.

- Bigre, se disent-ils, c’est une mauvaise journée ! ... Pas pour longtemps.

L’esprit débrouillard des deux compères l’emporte. Ils trouvent une astuce dont Monsieur Coindreau fera les frais ; il sera le dindon de la farce.

- Dis-donc, Mommon, commence le Rognon, et si on lui jouait un bon tour au Coindreau, qu’est-ce que t’en penses ?

- Oui, oui, c’est une bonne idée, comme ça, on cass’ra la croûte à l’oeil, ça s’ra toujours ça d’pris !

Joignant le geste à la parole, nos deux latitudinaires s’empressent d’aller trouver la femme de Monsieur Coindreau qui, pas méfiante (mais pourquoi l’aurait-elle été puisque ce sont toujours eux qui s’occupent des vergers), s’exécute. Comme d’habitude, elle prépare le casse-croûte pour deux. La journée qui promet d’être belle, le sera !

Eux, tout guillerets, heureux du bon tour qu’ils se préparent à jouer à ce "cher Monsieur Coindreau", prennent congé de Madame qui ne se doute de rien. Ainsi ils passeront une agréable journée de farniente sur le compte de la société.

Seulement, le lendemain, il faudra retourner à la halle pour travailler. Ce qu’ils feront, sans appréhension, l’âme joyeuse, inconscients comme des jeunes chiens qui ne pensent qu’à jouer des bons tours au maître.

Lorsqu’ils se présentent devant Monsieur Coindreau, celui-ci, considérant leur ruse comme une vétille, les accueille en prononçant ces paroles : "Ah ! mes gaillards, vous m’avez bien eu !"

Considérant la petite barbiche grisonnante de Monsieur Coindreau, un moment surpris, nos deux délateurs qui ont pour habitude de colliger les gaffes, l’oeil brillant de malice contenue, s’écrièrent : " Oui ! c’est vrai, on a mangé à votre barbe ... et à l’oeil en plus ! "

Cette allusion à sa barbiche fit rire Monsieur Coindreau, bientôt suivi par nos deux rodomonts, trop heureux de s’en tirer à si bon compte.

"Le Cri du Verre" de Gérard TRIBOULOT

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